Rapport douteux sur la loi d’achat de sexe, Svenska Dagbladet

Original: Tvivelaktig rapport om sexköp, par Laura Agustín et Louise Persson,, 15 juillet 2010, Svenska Dagbladet. Traduction par Thierry Schaffauser. J’ai décrit le contexte dans La fumée dans les yeux . Étant donné une tres grande limite de mots, nous ne pouvions parler des questions clés que de façon réduite allant à l’essentiel.

Les crimes sexuels diminuent en Suède: La nouvelle évaluation de la loi contre l’achat de sexe diffuse le message autour du monde, mais le rapport souffre de trop nombreuses erreurs scientifiques pour justifier une telle affirmation.

Le rapport a été retardé. Il est difficile de trouver des preuves pour expliquer pourquoi on ne voit plus les travailleurs du sexe là où on les voyait avant: Ont-ils cessé de vendre du sexe, ou le font-ils ailleurs? Les personnes stigmatisées et criminalisées évitent tout contact avec la police, les travailleurs sociaux et les chercheurs.

La prostitution de rue reçoit une attention exagérée dans l’enquête, en dépit du fait qu’elle ne représente qu’un petit type en diminution du commerce du sexe qui ne peut être extrapolé à l’ensemble. L’enquête mentionne la difficulté de la recherche s’agissant de «la prostitution sur Internet», mais semble ne pas savoir que l’industrie du sexe prend de nombreuses formes différentes et à rechercher en profondeur ailleurs (escortes sans sites Web, sex parties, strip-clubs, salons de massage, et étudiants qui vendent du sexe, entre autres).

La conclusion du rapport que la loi a diminué la prostitution est basée sur les rapports de police, des groupes financés par le gouvernement travaillant sur la prostitution dans trois villes, quelques petites études et des comparaisons avec d’autres pays nordiques. Mais la police ne rencontre les travailleurs du sexe que dans le cadre d’enquêtes criminelles, les groupes financés rencontrent principalement les travailleurs du sexe demandant de l’aide, de petites études ne peuvent indiquer les tendances et les statistiques danoises sur le nombre des travailleurs du sexe de rue «actifs»  – utilisées pour montrer que la prostitution en Suède est moindre – ont été publiquement révélées comme fausses il y a huit mois.

Il est affirmé que la loi a eu un effet modérateur sur la traite sexuelle, mais aucune preuve n’est offerte. Les statistiques sur la traite ont longtemps été contestées en dehors de Suède, en raison de la confusion dans la définition et le refus d’accepter la distinction de la Convention des Nations Unies sur la criminalité organisée entre traite des êtres humains et le passage clandestin humain lié à la migration du travail informel. Le rapport affirme que la loi diminue le «crime organisé», sans analyser la façon dont les crimes ont été identifiés et résolus ou comment ils sont liés à la loi contre l’achat de sexe.

Toute recherche sociale doit expliquer sa méthodologie. Une évaluation comme celle-ci doit fournir des détails sur l’échantillon des personnes consultées, car même dans un champ aussi petit que la Suède, aucune étude ne peut prétendre parler à tout le monde. Les normes de la recherche méthodologique doivent expliquer comment les informateurs ont été consultés, dans quelles conditions, quelles sont les questions qui leur ont été posées et comment, quel dispositif éthique a été mis en place pour aider à garantir qu’ils ont donné leur vrai avis, comment un équilibre entre les différentes parties prenantes a été réalisé, combien de personnes ont refusé de participer, et ainsi de suite. Dans ce rapport, toutefois, la section sur la méthodologie est pratiquement inexistante. Nous ne savons rien sur la façon dont l’évaluation a été effectivement réalisée.

D’autre part, le rapport regorge de documents non pertinents: arrière-plan sur la façon dont la loi a vu le jour, l’histoire de la Suède avec l’égalité des sexes, pourquoi la prostitution est mauvaise, pourquoi le public international s’intéresse à l’évaluation et le nombre de Suédois dont on dit qu’ils soutiennent actuellement la loi. Une unique et triste histoire personnelle d’une travailleuse du sexe occupe trois pages, tandis que le compte des opinions des travailleurs du sexe se limite aux résultats d’une enquête de seulement 14 personnes dont sept seulement étaient des travailleurs du sexe en exercice.

La recherche doit s’essayer à une sorte d’objectivité, mais la mission du gouvernement à l’équipe d’évaluation dit que «l’achat de services sexuels doivent continuer à être criminalisé», peu importe ce que les évaluateurs ont constaté. Le biais est inhérent.

Le gouvernement suédois considère que la loi est d’intérêt international comme forme de prévention du crime. Ce qu’ils ne savent pas, c’est comment, quand le rapport est traduit et révisé, les erreurs méthodologiques et les biais brut amènent les chercheurs dans ce domaine à rejeter cette évaluation.

Le débat sur la traite internationale a dépassé la position simpliste présentée dans ce rapport. Plus d’humilité est nécessaire de la part d’un petit pays avec peu d’expérience, et de recherche sur la migration irrégulière et l’industrie du sexe. Si l’on veut se présenter comme occupant une moralité plus élevée que les autres pays, il faut faire un meilleur travail pour comprendre les questions complexes. Cette évaluation ne nous dit rien sur les effets de la loi contre l’achat de sexe.

Nous avons offert des sources sur le sujet de la recherche viciée ne soutenant pas les affirmations extravagantes dans ce domaine, mais les éditeurs l’ont omis.

Socialstyrelsen. 2007. Kännedom om Prostitution:.Un autre rapport du gouvernement suédois d’il y a quelques années qui conclut que peu peut être connu de la prostitution en Suède:

Folketingets Socialudvalg, 20 novembre 2009. Socialministerens endelige svar nr påspørgsmål. 37 (Alm SOU. Del). Question au Parlement danois sur les chiffres incorrects réclamé pour la prostitution de rue.

OIM-SIDA. 2006. Traite des êtres humains et la Coupe du Monde 2006 en Allemagne. Recherche financée par la Suède trouvant les allégations sur la traite non fondées.

BBC News Magazine. 9 janvier 2009. Est ce que le nombre de call girls victimes de la traite est un mythe?

United States Government Accountability Office. Juillet 2006. Human Trafficking: de meilleures données, stratégie, et des rapports nécessaires à l’amélioration des efforts des États-Unis dans la lutte contre la traite à l’étranger.

Les Carpenter. 2010. Démystifier le plus grand mythe de la Coupe du Monde. Nouvelles Yahoo, 10 juin.

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